mercredi 14 mars 2007

La RD Congo en Libre Service



L’occupation de Kahemba par l’Angola confirmée
(Dominique Mukenza)


Après la descente sur le terrain à partir de Dundo (chef-lieu de la province de Lunda Norte, Angola), dans le cadre de la commission mixte RDC-Angola pour vérifier les allégations de l’incursion de l’armée angolaise sur le sol congolais, les députés du Kwango ont fait le constat suivant en six points :
Primo : 11 villages du territoire de Kahemba (Shakadiata, Shahono, Shahingi, Kabengele, Shamufuka, Kambangunzi, Tshakala, Shayimbwanda, Shahidi, Kalumbandi et Shashindingi) sont occupés ;
Secundo : des éléments lourdement armés de la police angolaise y sont présents avec des matériels militaires de transmission autour des bivouacs militaires à côté d’une borne datée de 1972 ;
Tertio : une piste d’atterrissage pour hélicoptères y a été aménagée et le drapeau angolais est hissé ;
Quarto : le terrain en lui-même offre le spectacle d’avoir été le théâtre d’intenses activités et de grands travaux de déblayage récents ;
Quinto : les occupants des villages sus-évoqués ont été déplacés de force pour être repoussés davantage à l’intérieur du territoire congolais, abandonnant derrière eux leurs biens et en s’exposant à la famine, à des maladies diverses, à la déperdition scolaire et à toutes sortes de calamités dans la brousse ou la forêt;
Sexto : des hommes et des femmes déplacés de leurs villages sont sortis de la brousse pour se confier à la mission conjointe et ont déclaré ce qui suit :

Ils sont et ont été de tous les temps des Congolais et la portion du territoire où sont implantés leurs villages d’où ils ont été déplacés de force est également congolaise. La borne observée sur le site était implantée seulement en 1972 par un géologue américain dans le seul but des recherches minières.
Et enfin, toutes les informations ont été corroborées par les services publics congolais sur le terrain dont le commandant local de la police et le chef de poste d’encadrement administratif qui, comme les autres habitants ont été déplacés et errent dans la brousse.
Signalons que ces informations sont contenues dans la déclaration intitulée « déclaration politique relative à l’invasion et à l’occupation d’une portion de la RDC dans le territoire de Kahemba, district de Kwango, province du Bandundu » que les députés du Kwango ont lu ce samedi devant la presse, après qu’ils l’aient déposée au bureau de l’Assemblée nationale.

Le flou demeure !

Cette situation suscite des questions sur les origines, motivations et objectifs à atteindre par les auteurs. Beaucoup de Congolais et d’autres personnes s’intéressant à notre pays ont constaté que depuis le début de l’affaire, le 29 janvier 2007, lorsque des militaires angolais ont fait incursion sur une portion du territoire de Kahemba, le gouvernement congolais a donné l’impression de ne pas vouloir s’engager. C’est suite à la pression populaire relayée par les médias qu’il a dû se manifester sans trop prendre l’affaire au sérieux.
En outre, jusqu’à ce jour, aucun gouvernement (congolais ou angolais) n’a fourni d’explication sur ce qui s’est réellement passé autour de cette affaire d’occupation qui vient de se confirmer grâce au rapport d’une enquête menée par les députés du Kwango. Qu’est-ce qui garantit que le lendemain ça ne sera pas le tour de Tshikapa, Luiza, Kasongo Lunda, Dilolo, Songololo ?
La même préoccupation l’est autant pour les autres voisins de la Rdc qui pourraient aussi être tentés par le virus d’occupation d’une portion du territoire national pour des raisons inavouées. Car, la Rdc offre actuellement l’image d’un pays ( chaque voisin peut y entrer et faire tout ce qu’il veut, sans la moindre représaille ni riposte de la part de ses dirigeants.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

Au-delà de cette triste réalité, l’opinion remarque que tous les pays ayant soutenu militairement notre pays en situation de guerre ou de trouble ont tendance à revenir une fois la paix rétablie. C’était le cas avec le Rwanda, l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi en 1998, lesquels avaient après qu’ils aient soutenu les forces de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila pour le renversement du régime du maréchal Mobutu. Une année avait suffi pour que ces paysréinvestissent la RDC, sous prétexte de factures de guerre impayées.
La question vaut la peine d’être posée dans la mesure où les Congolais ne comprennent plus que malgré les discours des dirigeants, le pays et son peuple paraissent comme des orphelins n’ayant aucun moyen de défense face à l’ennemi.


En tout cas, le gouvernement doit apporter la preuve qu’on n’est pas en face d’un autre accord secret qui a comme particularité que des pays qui ont aidé ou soutenu militairement la Rdc hier, reviennent dans le but de prendre leur part « du butin » de la guerre.

Pourtant, lorsque le général L. Nkunda avait occupé pendant une semaine la ville de Bukavu, le gouvernement avait organisé des marches de protestations. Les médias avaient été pris d’assaut par des acteurs politiques pour réclamer des actions punitives contre le Rwanda accusé d’être derrière cette invasion. Aujourd’hui, rien de tout cela. Comme pour dire que les Congolais auraient accepté le fait accompli ou, plus grave, auraient donné leur feu vert au démembrement du pays.


Source: Debout Congolais

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